Le qualificatif d’obscène n’est pas de moi, il est celui qu’emploie l’organisme Oxfam dans son rapport présenté à l’occasion de la grand-messe des riches, le Forum Économique Mondial, la semaine dernière à Davos. Ce terme d’obscène, que je fais mien, est faible. Voyons les chiffres : les 5 hommes les plus riches de la planète ont doublé leur fortune durant les trois dernières années et ensemble, ces 5 individus ont vu leurs avoirs passer de 405 à 869 milliards de dollars. Alors que les êtres humains normaux tentent de survivre à l’inflation avec des salaires qui ne la suivent pas, les ultra-riches deviennent encore plus riches sans vraiment travailler car leur fortune leur tombe dans les poches par un simple jeu mathématique qui la multiplie grâce à une économie globale.
Je qualifie cette richesse de criminelle car elle est responsable à chaque jour de centaines de milliers de décès dûs au manque de soins médicaux ou tout simplement de nourriture ou d’eau. En se soustrayant à l’impôt par l’utilisation de paradis fiscaux ou en faisant du chantage auprès des gouvernements quand ceux-ci s’avisent de hausser leur part à payer, les riches empêchent les États de répartir cette richesse. Et non satisfaits d’enlever aux États leur capacité à financer la santé ou l’éducation, ils poussent l’indécence à faire du chantage avec leurs demandes de subventions lorsque vient le temps d’investir dans l’implantation d’industries. Ils dressent les pays les uns contre les autres comme ils le font pour les taux d’imposition en matière de taxation.
L’indécence des ultra-riches est telle que certains d’entre eux, éclairés probablement par la petite voix d’une conscience devenue insupportable à entendre et un sentiment de culpabilité, viennent de supplier les gouvernements de hausser leurs impôts et d’installer une taxation minimum à la grandeur de la planète. Dans les milieux maffieux, on les appelle des » repentis ». Ces drogués de la richesse devraient peut-être pousser plus loin la réflexion et se rappeler que malgré leur fortune indécente, ils seront rattrapés par la Justice ultime qui égalise tous les êtres humains. Qu’au dernier moment, leur jet privé et leurs châteaux ne leur seront d’aucun secours J’aime imaginer Steve Jobs, juste avant de servir de banquet aux vers à 56 ans, dans son dernier souffle, murmurer : « Tout ça pour ça ?! »