Originaire de Saint-Basile, l’accordéoniste Denis Pépin reçoit un bel hommage. Ce virtuose de l’accordéon diatonique devient l’un des cinq nouveaux ambassadeurs culturels du programme national des Maîtres des traditions vivantes. Ce programme est la mise en oeuvre au Québec du système des Trésors humains vivants de l’UNESCO.
Pour cet interprète connu et reconnu de la musique traditionnelle, la distinction qui lui revient s’ajoute à d’autres reçues précédemment, soit le Prix du patrimoine de la Ville de Lévis en 2007, le certificat honorifique de l’AQLF (Association québécoise des loisirs folkloriques) en 2008, et le prix Mnémo pour l’album John J. Kimmel, un héritage fabuleux en 2010. Ce prix récompense une production jugée remarquable en regard de la documentation et de la recherche relatives aux arts traditionnels.
« Je suis content c’est sûr, mais mon but, ce n’est pas ça, commente humblement le principal intéressé. J’ai toujours aimé la musique. »
Les débuts de Denis Pépin dans le monde de la musique traditionnelle remontent à 1978, alors qu’il avait 15 ans.
L’orgue et la chorale
Il avait déjà une expérience musicale, puisqu’il accompagnait la chorale à l’orgue de l’église, à une époque où il y avait quatre messes pendant la fin de semaine.
« Ça m’a forgé à faire de la musique, explique-t-il. Quand j’ai commencé à jouer de l’accordéon, c’est là que j’ai commencé à mémoriser des mélodies et à les jouer. »
Denis Pépin s’estime avoir été chanceux du fait que deux excellents musiciens demeuraient à Saint-Basile, soit l’accordéoniste Tico Petit et le violoneux André Alain.
C’est au contact de ces folkloristes qu’il apprend les morceaux qu’ils jouent. Parallèlement, il a appris à faire l’accompagnement de la musique traditionnelle, au piano, ce qu’il fait encore par ailleurs.
Rencontre marquante
Sa vie musicale a été parsemée de rencontres marquantes. Il en fut ainsi avec le célèbre violoneux Jean Carignan.
Il l’a d’abord rencontré en 1983 lors d’un concours de violoneux à Huntingdon. Il s’y retrouvait en compagnie du pianiste Yvan Brault, avec qui, incidemment, il a joué pendant huit ans.
« On avait pas d’affaire là du tout, exprime Denis Pépin avec un éclat de rire. Je sors mon accordéon et je me mets à jouer. » À un moment arrive Ti-Jean Carignan et les deux font connaissance. Après l’avoir écouté jouer, Carignan lui propose de jouer avec lui la prochaine fois qu’il se produira.
1984 est l’année Mer et Monde à Québec, avec la transat et le 400e anniversaire de l’arrivée de Jacques-Cartier.
Dans le cadre de la course des voiliers, il est invité par le fameux violoneux à l’accompagner au piano.
Raynald Ouellet, Christian Maes et Denis Pépin ont partagé le prix Mnémo. Photo : Offerte par Denis Pépin
À la BBC
L’année suivante, Carignan lui propose cette fois de l’accompagner, mais cette fois à l’accordéon, dans un documentaire tourné par la télévision britannique BBC sur la musique du Cap-Breton et du Québec, un film qui a beaucoup été vu en Angleterre. « Pour le temps qu’on a passé ensemble, ça m’a beaucoup influencé dans ma musique », avoue Denis, qui rappelle que Jean Carignan avait essayé plusieurs instruments, dont l’accordéon, avant de se camper à jouer du violon. Denis Pépin vient d’une famille dont les parents jouaient à l’occasion, surtout de l’harmonica et de l’accordéon. « Ils aimaient la musique, convient-il. Ma mère jouait super bien de l’harmonica. »
Les styles
Le répertoire de Denis Pépin se compose de pièces irlandaises, écossaises et québécoise, dont des pièces composées dans Portneuf. Grâce à sa technique remarquable, il transpose notamment des pièces composées pour le violon à l’accordéon. Il aime aussi jouer la valse musette, un style habituellement réservé à l’accordéon chromatique qu’il transpose sur son instrument diatonique.
Passeur de tradition
En tant que passeur de tradition, il transmet son art et son répertoire. Il donne des cours à des élèves qui veulent apprendre la musique traditionnelle, et non pas ce qu’on appelle trad, qui est plutôt un mélange de traditionnel avec d’autres styles. Sa réputation n’est plus à faire, au Québec et au-delà de nos frontières, où il est considéré comme une référence. Natif de Saint-Basile, Denis Pépin demeure maintenant dans la région Chaudière-Appalaches