Sensibilisation à la culture maraîchère biologique en serre pédagogique

Pierre Paquet

pierre.paquet@courrierdeportneuf.com

Sensibilisation à la culture maraîchère biologique en serre pédagogique
Le groupe mixte de 3e et 4e année de l'école Les Trois Sources de Saint-Basile. (Photo : Pierre Paquet)

Une serre qui aura accueilli, en moins de trois mois, 1300 élèves de la région afin qu’ils apprennent les rudiments associés aux semis intérieurs, aux pousses et germinations ou aux graines et semences. Voilà ce que rend possible la Serre pédagogique développée dans le cadre du projet de serres maraichères solidaires par l’organisme Solidarité citoyenne Portneuf.

Au total, d’ici la mi-juin, ce sont les élèves d’environ 70 classes des niveaux préscolaire et primaire qui auront bénéficié de ces activités pédagogiques dans cette serre bien chauffée et bien éclairée, sise aux Jardins de la Chevrotière, propriété de Geneviève Mayrand et de Jérôme Thivierge.

Choix d’ateliers 

Trois choix d’ateliers sont proposés aux écoles primaires, soit Pousses sur terreau et germination, Graines et semences ainsi que Semis intérieurs. À la fin d’un atelier d’une heure, chaque élève retourne en classe avec un semis ou une enveloppe de graines à semer. 

Des élèves bien concentrés sur leurs semis. Photo : Pierre Paquet

Gratuité pour les classes

Alors que Jérôme Thivierge a été embauché pour s’occuper de la production de la serre maraîchère solidaire construite juste à côté de la Serre pédagogique, l’organisme JeunEssor Portneuf rémunère Geneviève Mayrand qui anime les ateliers. Qui plus est, la Fondation Telus défraie le transport des élèves. Bref, les écoles de la région n’ont rien à débourser pour ces classes vertes. 

Les personnes présentes à la conférence de presse du 23 avril ont constaté avec quel plaisir les enfants s’adonnent à une telle classe verte. Une quinzaine d’élèves d’un groupe mixte de 3e et 4e année de l’école Les Trois sources de Saint-Basile ont notamment apprécié la découverte par les cinq sens, de fines herbes, y compris une dégustation de coriandre, de basilic et d’épinard.

Alain Blanchette, secrétaire-trésorier de Solidarité citoyenne Portneuf. Photo : Pierre Paquet

Insécurité alimentaire

La plus récente Enquête canadienne sur le revenu montre qu’en 2021, 14,7 % de la population québécoise vivait dans un ménage aux prises avec une forme d’insécurité alimentaire. C’est donc plus d’un million de Québécois qui ont alors subi cette réalité. La hausse importante du prix des aliments a en effet contraint de nombreux ménages à faire de durs compromis sur leur alimentation.

Comme l’a rappelé Karine Durocher, directrice générale de Solidarité citoyenne Portneuf, « l’insécurité alimentaire, ce n’est pas nécessairement de ne pas avoir de nourriture dans le frigo. L’insécurité alimentaire, c’est lorsque la nourriture devient une charge mentale, lorsqu’il faut jongler pour arriver à la prochaine paye en ayant suffisamment de nourriture pour sa famille. C’est de couper ses propres repas pour que ses enfants puissent manger. Comment faire sa journée de travail si l’on a envoyé ses enfants à l’école sans nourriture dans la boîte à lunch? »

Contrer l’insécurité

Dans Portneuf, l’organisme Solidarité citoyenne Portneuf a le mandat de contribuer à la sécurité alimentaire, en étroite collaboration avec la Table de concertation en sécurité alimentaire. Ils y arrivent en alimentant les cuisines collectives, les frigos solidaires et les Collation-Santé-Portneuf pour les enfants. 

Au cours des quatre dernières années, les besoins d’aide alimentaire ont tellement augmenté que le budget annuel de Solidarité citoyenne Portneuf est passé de 30 000 $ à plus d’un million de dollars. C’est pourquoi l’organisme a lancé, en mars 2023, son projet de Serres maraîchères solidaires. Celle des Jardins de la Chevrotière cultive actuellement des tomates cerises qui seront distribuées via le programme Collation-Santé-Portneuf qui fournit des aliments santé aux enfants d’âge primaire. Plus de 300 enfants bénéficient de distributions mensuelles, à raison d’une vingtaine de collations par enfant. De plus, on s’assure d’avoir des réserves de nourriture dans 15 écoles. Si un enfant a peu à manger, il peut aller directement à la réserve école pour recevoir une collation.

Des tomates cerises sont produites à la Serre maraîchère solidaire, juxtaposée à la Serre pédagogique. Photo : Pierre Paquet

Alain Blanchette, secrétaire-trésorier de Solidarité citoyenne Portneuf, explique que « beaucoup de producteurs agricoles nous donnaient des produits de leur récolte ou nous invitaient à faire du glanage dans les champs mais on voulait s’assurer d’avoir des produits frais à l’année. On a donc eu l’idée d’exploiter une serre chauffée à l’année aux Jardins de la Chevrotière ».

Financé par le Fonds Aluminerie de Deschambault pour les collectivités durables et la MRC de Portneuf, le projet triennal de Serres maraîchères solidaires inclut l’apport d’une autre serre, celle-ci à Portneuf. Il s’agit d’une serre saisonnière dont la production commencera dans quelques semaines. Des champs à semer et des arbres fruitiers s’y ajouteront.  

Très émue, la maraîchère et pédagogue Geneviève Mayrand a clos la conférence de presse en racontant qu’un jour, juste avant de quitter la serre pédagogique avec ses pousses de germination, un enfant lui a demandé s’il pouvait en avoir davantage afin d’en donner à ses parents, puisqu’il y avait peu de nourriture à la maison. C’est aussi ça l’insécurité alimentaire…

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