En réalisant la Place des Marées : Neuville devient leader en matière de places publiques éco-responsables

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Par Pierre Paquet
En réalisant la Place des Marées : Neuville devient leader en matière de places publiques éco-responsables
Bernard Gaudreau, maire de Neuville, entouré des conseillers Luc Delisle, Serge Beaulieu, Luc Bertrand, Anne-Sophie Paquet et Simon Sheehy. (Photo : Pierre Paquet)

C’est dans le cadre de la Fête du voisinage, le 1er juin, que la Ville de Neuville a inauguré la Place des Marées, située devant son église patrimoniale. Amorcé dès 2018, ce projet consistait à transformer le stationnement de l’église en place publique qui va notamment gérer les eaux de pluie et limiter les effets reliés aux îlots de chaleur. 

Pascale Rouillé, urbaniste chez Les Ateliers Ublo, firme d’urbanisme et d’architecture de paysage qui a, dès 2019, commencé à conceptualiser la nouvelle place publique, a souligné la détermination manifestée » tant par l’ensemble des élus que des employés de Neuville qui, depuis plus de 5 ans, ont travaillé très fort pour faire aboutir ce projet. C’est vraiment quelque chose qui distingue Neuville et la positionne comme figure de proue en matière de gestion durable des eaux pluviales mais aussi de résilience et d’adaptation face aux changements climatiques. «

Redonner des espaces publics à la communauté 

Dans son discours, Bernard Gaudreau, maire de Neuville, a souligné que la Place des Marées s’inscrit dans la continuité de projets collectifs que lui et son conseil souhaitaient déployer » pour redonner à la communauté des espaces publics et les rendre davantage vivants «.

» Dès la première rencontre avec les gens des Ateliers Ublo, on nous a demandé jusqu’où nous étions prêts à relever le défi dans la gestion de nos eaux de pluie pour en faire un projet signature. Nous leur avons alors donné carte blanche en leur disant ce que l’on souhaite, c’est vraiment d’améliorer notre empreinte environnementale dans un lieu unique et qui a déjà fait l’objet d’investissements importants au niveau de la conservation du patrimoine «. 

Pascale Rouillé, urbaniste chez Les Ateliers Ublo a donné de très claires et complètes explications relatives au projet de la Place des Marées. Photo : Pierre Paquet

Protéger le fleuve

Mme Rouillé a expliqué que l’ensemble des espaces végétalisés qui ont été créés servent à gérer les eaux de pluies. » Toutes les eaux du stationnement ainsi que toute l’eau de la toiture de l’église qui coulera bientôt dans des gouttières transparentes, seront conduites par un système de caniveaux vers ces zones de végétaux. Donc, avant que l’eau ne retourne au fleuve, elle sera traitée comme le ferait la nature «. De plus, l’augmentation du nombre d’arbres et de végétaux augmentera le confort ressenti par les usagers de cet espace public.

Grâce aux végétaux qui ont été plantés, on peut retirer jusqu’à 90 % des huiles et des hydrocarbures provenant des véhicules automobiles. Ce sont surtout les petites pluies qui lessivent le sol et qui se retrouvent chargées de ces polluants. Dorénavant, les systèmes racinaires des végétaux, le terreau, le paillis et le sable les filtrent. Il n’y a donc pas d’eau acheminée au fleuve avant d’être traitée, retenue et ralentie. Par conséquent, un petit filet d’eau regagne le majestueux Saint-Laurent, ce qui permet évidemment de diminuer la quantité de boue qui y est transportée et d’atténuer l’érosion de ses berges.

Recherches en cours 

Par ailleurs, en partenariat avec le Centre de transfert technologique de l’eau – relié au Cégep Saint-Laurent – des végétaux appelés » comestibles invisibles » ont été enracinés pour mesurer l’impact des polluants de stationnement sur la consommation de ces végétaux, sur le long terme. Ce projet de recherche est unique sur le continent américain.

Gérer plus qu’une pluie centennale

Le nouveau stationnement a été conçu de manière à gérer une quantité d’eau plus grande que celle laissée par ce que l’on appelle une » pluie centenaire «, soit une précipitation d’une intensité telle qu’elle ne se produit qu’une fois par cent ans, d’après les statistiques. Les experts des Ateliers Ublo ont tenu compte des critères reliés aux changement climatiques puisque ces dites » pluies centennales » surviennent à des intervalles maintenant plus courts. 

Autres mesures environnementales

Les pavés qui ont été posés sur la place sont faits en grande partie de verre et de plastique recyclés. Leur couleur claire permet de réduire les effets de chaleur. Aussi, afin de diminuer les coûts et la ponction de sable dans les carrières, on a, lors de la démolition de l’ancien stationnement, récupéré la fondation granulaire présente sous l’asphalte ainsi qu’une partie de cet asphalte, afin de les mélanger à d’autres matériaux qui ont servi à construire le site.

Alors que dans les stationnements, on retrouve habituellement des bordures de béton, pour la Place des Marées on a décidé de les remplacer par une bande enrochée. Ainsi, l’eau rentre de manière beaucoup plus régulière dans les ouvrages de filtration et le coût est réduit. La Ville de Québec s’est d’ailleurs montrée intéressée par ce nouveau concept.

Reconnus à l’international

Enfin, bien avant son inauguration, la Ville de Neuville et les Ateliers Ublo ont remporté le Grand Prix du design 2021 pour le projet de la Place des Marées, dans la catégorie architecture de paysage – projet à caractère environnemental.

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