Il est difficile pour le commun des mortels d’imaginer un milliard tellement c’est un chiffre hors du quotidien des gens normaux. Il faut s’arrêter et imaginer un million. Ensuite on tente d’imaginer dix, puis cent millions. Là on commence à voir. Multiplions ce 100 millions par dix et voila notre milliard. Compte tenu de la folie permise par l’humanité, pour certains ça ne s’arrête pas là : continuez à compter, deux milliards, trois milliards et ainsi de suite jusqu’à 40 milliards et vous y trouvez Elan Musk et quelques uns de ses semblables.
Quarante fois mille millions ! Et à force de fréquenter des chiffres aussi indécents et de nous les faire paraître comme banals, on accepte l’inacceptable. On trouve normal qu’un seul être humain possède de grands pans de la production mondiale de biens et de moyens de communication. On accepte que le droit à la propriété privée s’étende à des années-lumière de la vie privée d’un individu. Mais heureusement, certaines personnes refusent ce désordre des choses et crie « au vol ! » comme on crie « au feu ! »
Cet été, lorsque nous étions en vacances, Gabriel Zucman un économiste spécialiste des inégalités et son équipe ont remis aux États un rapport commandé par l »OCDE sur cette plaie qui touche toute l’humanité. Le constat : la richesse du 0,0001 % des personnes les plus aisées dans le monde est passé de 3% du PIB mondial en 1987 à 14% aujourd’hui. Selon Zucman, professeur à Paris et à Berkely, ces gens paient moins d’impôt que les enseignants et les pompiers (allongez la liste si bon vous semble).
Une solution parmi d’autres : un impôt mondial de 2% sur la fortune des 3000 milliardaires de la planète. Ce qui redonnerait aux peuples, entre 200 et 250 milliards, soit une partie de ce que les riches leur ont volé au fil des ans. Cette proposition est déjà soutenue par le Brésil. la France et l’Espagne.Mais tout cela ne touche que la plomberie fiscale, il serait temps de se pencher sur les questions de fond comme celles-ci : l’existence même des milliardaires est-elle légitime ? à quel point la fortune des milliardaires cesse-t-elle d »être privée, à quel niveau la richesse dépasse-t-elle ce cercle de la vie privée d’un individuel de ses proches ? Ne pas considérer de telles questions serait se mettre la tête dans le sable à l’approche des grandes crises. J’y reviendrai.