Jean-François Lambert et moi ne sommes pas de la même génération. Il est néanmoins un grand ami. Je l’ai connu alors qu’il était la voix soliste d’une chorale de jeunes de Portneuf lors d’une tournée en France. La chorale m’avait fait l’honneur de chanter un de mes poèmes mis en musique par un professeur de l’école secondaire. C’était il y a trente ans. Depuis, Jean-François Lambert est devenu pianiste et arrangeur musical tout en demeurant chanteur. La semaine dernière, avec son trio, il nous a gratifiés d’un concert à la maison de la culture de Donnacona : des chansons québécoises très connues des années ’50 aux années ’80, mais recomposées sur un rythme de jazz. Si je vous parle de ce concert exceptionnel par sa créativité et son originalité, c’est qu’il a suscité chez moi quelques réflexions. J’ai de nouveau constaté qu’au-delà de la musique qui les portait, les mots de nos chansons avaient un caractère universel tout en prenant racine profondément dans la culture québécoise. C’est ce qui fait la grandeur d’une oeuvre : née dans un décor local, mais touchant les sentiments que l’humanité entière a en partage. J’ai aussi compris que ces chansons n’appartenaient pas à une génération, mais qu’elles pouvaient parler aux générations montantes…pourvu qu’on les leur rende. En autant que les différents médias n’enferment pas complètement les jeunes dans le bruit et la fureur des groupes qui débitent des paroles souvent inaudibles dans une langue étrangère. Les mots et la musique peuvent très bien faire bon ménage : il suffit d’entendre toute la poésie qui émane des paroles et de la musique d’une chanson comme La Manic pour s’en convaincre. Mais restons sur cet exemple. Imaginons une enseignante qui utiliserait cette chanson pour illustrer l’époque des grands chantiers qui ont façonné l’histoire du Québec. Ce serait mettre de la couleur sur les livres d’histoire. Allons plus loin : pourquoi ne pas initier les nouveaux arrivants à la culture québécoise au moyen de notre vaste répertoire de chansons. Ce serait une manière agréable de leur apprendre à la fois la langue et la culture du pays, une manière de leur dire que le Québec est incompréhensible sans la fréquentation de nos chansons. Mais peut-être que dans l’anonymat des salles de cours, certains enseignants favorisent déjà cette approche. Est-ce que les parents ne pourraient pas aussi faire leur part ?