Marais Léon-Provancher: lutte sans pitié contre le roseau commun

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Par Denise Paquin
Marais Léon-Provancher: lutte sans pitié contre le roseau commun

Bien enraciné le long des autoroutes, le roseau commun (phragmites australis) colonise maintenant les abords des routes secondaires, les boisés et les champs de la région de Portneuf. La plante, qui peut dépasser les quatre mètres de haut, est si envahissante qu’elle est devenue une menace pour la flore des milieux humides ainsi que pour les oiseaux et les animaux qui y vivent.

«Étant donné que le marais est une réserve naturelle, nous avons jugé nécessaire d’intervenir», affirme Réhaume Courtois, de la Société Provancher d’histoire naturelle du Canada. 

L’organisme a lancé son programme d’éradication en 2013. Cette première phase a permis de faire disparaître la moitié de la trentaine de colonies recensées. Une colonie fait environ 150 mètres carrés de superficie. Les bénévoles et une entreprise spécialisée s’attaqueront à l’éradication des colonies restantes d’ici mars 2018. 

La première étape sera réalisée au plus tard cet automne. L’utilisation d’un phytocide, le glyphosphate, assure une destruction totale de 90% des plantes. Mais comme le marais est une réserve naturelle, on a opté pour la deuxième meilleure méthode d’éradication. Elle consiste à couper les plantes et à recouvrir le sol de bâches pour les tuer. Dans un second temps, la Société procédera à la plantation de saules pour empêcher la repousse.  «Le roseau est une plante qui a besoin de lumière, le saule lui fera de l’ombre», explique Réhaume Courtois. 

La mise en place du programme, en 2013, avait été financée par Lotissement Métropolitain, dans le cadre d’une mesure de compensation pour perte d’habitat, et coordonnée par Aménatech, division de SMi. 

Cette fois, la Société Provancher compte sur une aide d’Environnement Canada dans le cadre du Plan de conservation nationale. Cette aide, qui couvre 50% des frais, est la bienvenue, car il en coûtera 150 000$ pour réaliser ce nouveau projet. «C’est très très dispendieux, car cela exige beaucoup de main-d’oeuvre, contrairement à l’utilisation du phytocide », dit M. Courtois. Une quinzaine de bénévoles ont donné de leur temps pour couper les plantes ce printemps. Une entreprise réalisera l’autre étape. 

Si la Société Provancher d’histoire naturelle du Canada n’intervenait pas, les colonies prendraient de l’expansion, entraînant des pertes de biodiversité et des impacts sur la survie de la sauvagine et des oiseaux de rivage. L’attrait du marais serait réduit pour les visiteurs qui auraient moins à voir. 

Réhaume Courtois espère également que ce projet va sensibiliser la population aux dangers des espèces exotiques qui se développent au détriment de la flore et la faune locales. «L’éducation du public est un des mandats de la Société Provancher», rappelle-t-il. 

La Société Provancher n’est pas la première à effectuer des interventions. En 2013, la Ville de Québec a entrepris l’éradication de la plante qui mettait en péril le réaménagement des berges de la rivière Saint-Charles réalisé au coût de 135 millions de dollars entre 1996 et 2008. Des interventions du genre ont aussi été réalisées dans la région de Lanaudière.

Le roseau commun est une plante exotique d’origine eurasienne. La plante a été observée pour la première fois au Québec en 1916. Depuis les années 1980, elle profite du développement du réseau autoroutier pour s’implanter partout, grâce à ses rhizomes et à ses graines. 

 

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