Le nom de Mia Anderson n’est pas étranger à ceux qui ont suivi la campagne électorale fédérale en 2011. La résidente de Portneuf a signé quelques textes bien sentis contre les conservateurs dans la rubrique «Opinions» du Courrier. Mais avoir des opinions politiques n’est qu’une facette de sa riche personnalité: la dame est aussi une poétesse accomplie et maintenant reconnue internationalement. En octobre, son poème «The Antenna» a remporté le premier prix du Montreal International Poetry Prize.
Voir son texte retenu parmi 2000 oeuvres provenant de 70 pays n’est pas un événement anodin. Pourtant, la nouvelle est passée presque inaperçue dans les médias francophones, preuve qu’il n’y a pas encore de vases communicants entre les deux solitudes.
Il faut préciser que la lauréate a un penchant naturel pour l’humilité et n’a pas crié la nouvelle sur les toits, même si elle a déjà brillé sous les feux de la rampe. Elle convient que le prix du concours est tout de même très important, car il donne à sa poésie une envergure internationale qu’elle n’avait pas, et aussi par l’envergure de sa bourse, 20 000$, un sommet rarement atteint dans ce domaine.
Originaire de Toronto, Mia Anderson est une actrice de théâtre qui a joué durant 25 ans sur les scènes du Canada et de la Grande-Bretagne. C’était avant de se convertir à l’élevage des moutons, puis à la pastorale. C’est d’ailleurs son engagement religieux qui l’a amenée à Québec, en compagnie de son mari, le philosophe Tom Settle.
Elle a été pasteur – elle préfère l’expression «curé de village» – durant huit ans à l’église anglicane St. Michael, à Québec, avant de prendre sa retraite sur les rives du fleuve à Portneuf.
Diplômée en langue anglaise et littérature, elle a mené une carrière d’auteure en parallèle à sa vie publique, écrivant, entre autres, du théâtre. Elle est de la génération de Margaret Atwood, célèbre écrivaine qu’elle a côtoyée durant ses études, raconte-t-elle.
Mme Anderson a publié quatre recueils de poésie. Le dernier, «The Sunrise Liturgy», a paru en 2012. Elle a remporté des prix, dont le Malahat Long Poem Prize en 1998 pour le poème «The Saugeen Sonata». Son cinquième recueil, intitulé «God Drops and Other Lozenges», sera publié en 2014, mais son poème «The Antenna» n’en fera pas partie.
«The Antenna» a touché le jury du concours de Montréal parce qu’il traite de spiritualité avec intelligence, finesse et humour. «Jouer avec les mots», c’est ce que l’auteure préfère et elle dit s’y appliquer aussi souvent que possible entre deux séances de jardinage, une autre passion. «Mes poèmes sont habituellement très courts, contrairement à ‘The Antenna’», indique-t-elle. Chacun est ciselé avec précision. Dans son nouveau livre, elle a travaillé le sens énigmatique des phrases.
Aucun de ses poèmes n’a jusqu’à présent été publié en français. Peut-être que le prix qu’elle vient de remporter donnera l’idée à des traducteurs de relever ce défi.