Ce genre d’humour a tendance à cristalliser chez le sujet visé un aspect marginal de sa personnalité ou encore d’en créer un de toutes pièces, si bien qu’après un usage répétitif, cette nouvelle facette devient la réalité auprès des téléspectateurs.
Citons comme exemples l’alcoolisme prétendu de Jacques Parizeau, les tics nerveux de bégaiement de Paul Martin, le comportement hallucinogène d’André Boisclair, le côté «coquille vide» de Denis Coderre ou encore la superficialité des propos d’une Pauline Marois qui s’enfarge dans la langue anglaise.Ces raccourcis vont-ils leur coller à la peau jusqu’à la fin de leurs jours?
Il y a. selon moi, un cas qui dépasse tous les autres, c’est l’image plus que caricaturale qui est faite de Gilles Duceppe. Depuis des années, on s’acharne à le représenter comme un idiot volubile tenant des propos incohérents. Cette image faussée de lui-même relève presque d’un vol d’identité, tant elle s’éloigne de la réalité du personnage. Peut-on penser voter pour un tel hurluberlu dont l’insignifiance n’a d’égal que le mensonge sur lequel on a édifié cette fausse image? Pourquoi s’acharne-t-on ainsi sur cet homme? Faut dire que l’humour est roi au Québec. On peut dire n’importe quoi supposément drôle et se dédouaner immédiatement avec la fameuse phrase passe-partout: «C’t’une joke…»
Je revendique donc, au nom de ces personnes, le droit qu’elles ont d’exister et de vivre dans leur sphère privée, particulièrement ceux et celles qui ne sont plus en politique active. Oui, les ex-politiciens devraient avoir une date de péremption quant à l’usage de leur image publique antérieure. Pour ceux qui ne me trouvent pas drôle, vous me direz sans doute que je n’ai pas le sens de l’humour. Je vous répondrai que de faire rire sur le dos des autres « ’est pas une joke» et que la farce a suffisamment duré.
Marcel Perron, Neuville