Gemma Méthot et son conjoint Émile Bédard sont des amoureux du plein air. D’abord fidèles motoneigistes durant 34 ans, ils ont découvert la pratique du VTT dans la région de Chaudière – Appalaches, bien avant que ne se structure le loisir dans Portneuf et même avant qu’ils ne possèdent leur propre quad…
Mme Méthot est originaire d’Inverness. Elle a pris mari et pays à Saint-Raymond. C’est lors de rencontres familiales dans la région natale de Mme Méthot que le couple a participé à ses premières randonnées en quad l’hiver. L’été, l’agriculture accaparait les champs et il n’y avait pas de sentiers.
Raymondois, Beaucerons et même Gaspésiens se donnaient rendez-vous aux randonnées de la famille Méthot à partir du chalet familial. Le groupe percevait bien le potentiel du développement de cette activité dans la région de Portneuf avec ses grands espaces et boisés. Il fallait cependant d’abord créer une organisation pour encadrer la pratique du loisir naissant.
Naissance du club
Gemma Méthot et 11 autres personnes se réuniront dans une résidence de Saint-Raymond et fonderont le Club Quad Nature Inc. en mars 1998. Son frère Bernard en sera le premier président. Lors de l’assemblée de fondation, plusieurs ne possédaient pas de quad. Le couple Bédard Méthot achètera son premier VTT en 1999.
L’objectif du regroupement était «d’établir et d’opérer un club quad, quatre saisons, auprès de la population; de promouvoir le tourisme et les activités touristiques dans la région de Portneuf; de faire des sentiers sécuritaires et de sensibiliser les membres à la flore et à la faune».
Gemma Méthot se souvient que tout était à faire. Il y avait peu de VTT en circulation et ils étaient utilisés essentiellement pour le travail. Il n’y avait pas de sentiers et il fallait sensibiliser les utilisateurs à la pratique sécuritaire de l’activité et au respect de la nature qui les entoure.
Une première assemblée publique du club avait réuni une centaine de personnes à Saint-Raymond. «Il y avait beaucoup de questions. On s’est dit ça prend des bénévoles, ça prend des propriétaires [terriens], ça prend des membres», se souvient Mme Méthot.
Les concessionnaires de VTT locaux ont été sollicités pour appuyer le jeune club. Les responsables prévoyaient des retombées économiques intéressantes pour la région. «Il y a eu une hausse des ventes de VTT chez les concessionnaires», souligne Mme Méthot.
Loisir en expansion
La première année, le club comptait 13 membres. La deuxième année, ils étaient 114. Les bénévoles du regroupement ont réalisé rapidement un premier sentier officiel, reliant Saint-Raymond au rang de la Chapelle à Sainte-Christine-d’Auvergne.
Responsable du secrétariat et des activités du club, Mme Méthot a aussi pris les outils pour aménager la première piste. «Toutes les fins de semaine, on travaillait au sentier. Je peux dire que je le connais, je l’ai marché à pied», dit-elle en souriant. Les premières signalisations furent réalisées à partir d’affiches électorales utilisées à l’envers…
Dans le cadre de son travail, Mme Méthot a contacté les propriétaires terriens du secteur pour obtenir les droits de passage essentiels à la pratique du VTT. Elle sera même agent de sentier pour éduquer les utilisateurs aux bonnes pratiques dans les pistes. «En tant que club, nous avons un rôle à jouer», dit la bénévole.
La création d’un sentier d’été finalisé en 1999 dans la Réserve faunique de Portneuf sera également marquante pour le regroupement. La même année, le club disposait d’une «chenille» pour maintenir en bon état son sentier quatre saisons.
Gemma Méthot a pu observer de près la hausse de popularité de l’activité. Le club a atteint 1114 membres en 2011 – 2012. Il compte plus de 900 membres en moyenne depuis plusieurs années, ce qui en fait le troisième plus imposant parmi les 129 que compte le Québec. Il offre actuellement environ 285 km de sentiers. «On ne pensait pas que ça deviendrait si gros», avoue la bénévole.
Il aura fallu toutefois en cours de route présenter même le VTT. «On a organisé à un moment un concours avec comme prix à gagner un VTT et il a fallu expliquer ce qu’était un VTT à un fonctionnaire du gouvernement [Régie des alcools, des courses et des jeux] qui l’ignorait. Tout le monde s’est éduqué en même temps» se souvient Mme Méthot.
La femme a évolué sans problème dans un milieu réservé autrefois aux hommes. Elle se rappelle toutefois qu’au début, beaucoup d’hommes ne voulaient pas prêter leur VTT à leur conjointe pour des randonnées.
«On a grandi dans cela. Il y a le social, les rencontres entre des gens passionnés, mais aussi le VTT donne plus de temps pour voir la nature qui nous entoure», racontent Mme Méthot et M. Bédard.
Reconnaissance provinciale
Gemma Méthot a reçu en septembre dernier le Prix de reconnaissance des bénévoles en matière de véhicules hors route (VHR) des mains du ministre des Transports, Robert Poëti, dans le cadre d’une cérémonie spéciale à l’Assemblée nationale.
Elle fait partie des 30 lauréats dans la province honorés cette année pour leur engagement dans le domaine de la pratique du quad ou de la motoneige.