Si vous avez de la parenté ou des connaissances originaires du Saguenay ou du Lac-Saint-Jean, vous avez sûrement eu l’occasion d’entendre la savoureuse expression faire simple. Comme dans : Hé que tu fais simple ! Pour les non-initiés, faire simple veut dire agir ou parler sans réfléchir. Enfin, ce n’est pas si simple, l’expression peut aussi avoir d’autres nuances selon le contexte où elle est dite. Mais pour les besoins de la cause, tenons-nous en à celle que je viens de mentionner. Cette expression est tellement d’actualité qu’elle devrait être nationalisée. Il semblerait même que le monde soit avide d’entendre ceux qui font simple. Je m’explique. Dans un monde dominé par les tweeters de tout acabit, la tendance lourde est aux explications brèves. Le gourou en la matière est manifestement le Donald lui-même, lui qui a dit que tout rapport sur la sécurité qui lui sera soumis ne devra pas excéder une page et comprendre un maximum de 9 items, tous précédés d’un gros point noir. Une façon exemplaire de faire simple ! Mais il n’est pas le seul évidemment et il n’est pas nécessaire d’aller très loin pour trouver une abondance d’émules (n’oubliez pas l’accent aigu !). Il suffit de porter attention aux paroles qui jaillissent de la bouche des animateurs de la radio privée. Pour eux, tout est clair, rien n’est compliqué, tout est simple. Ils ont une réponse courte, lapidaire, incisive sur tous les sujets. En une semaine, ils rendent plus de jugements qu’un juge dans toute sa carrière. La différence c’est qu’un juge doit motiver amplement son jugement et celui-ci doit être basé sur des faits qui ont été soumis à un échange contradictoire avant jugement. Hé, oui ! la justice c’est compliqué . Comme la vie. Comme la société. Comme l’avenir, qu’on essaie tant bien que mal de prévoir. On ne peut le faire seul, devant un micro ou devant un ordinateur, mais avec l’aide de ceux et celles qui en savent plus que nous et grâce à qui nous tentons de nous forger une idée après écoute et réflexion. Aucun problème contemporain n’est simple. Toute question a un volet économique, écologique, éthique, social, national, international et personnel. Pour se rapprocher d’une réponse convenable, il faut faire un peu confiance à ceux et celles qui ont mis des années à creuser un des volets d’une question. Pour ne pas faire simple, admettons donc simplement qu’il n’y a pas de réponses simples à des questions complexes.