J’écris ce texte à la veille de ce qui sera une journée mémorable dans l’Histoire : la grande marche des scientifiques. Pour la première fois, des milliers d’entre eux ont décidé d’entrer en résistance devant l’occupant obscurantiste qu’est l’administration américaine. Ils jugent la situation assez grave pour devoir quitter leurs laboratoires ou leurs centres de recherches et descendre dans la rue. Tant à Washington que dans les 500 autres endroits, les scientifiques dénonceront l’ignorant-en-chef qui a décidé de mener une guerre systématique à la science. Tout a commencé le 21 janvier dernier, soit le soir même du succès phénoménal de la marche des femmes, le lendemain de l’inauguration du nouveau président américain. Il a suffi d’une simple conversation sur le site Reddit pour que jaillisse l’idée d’une marche des scientifiques. Selon le journal Le Monde, six jours plus tard le mouvement avait déjà son site Internet et comptait 230 000 abonnés à ses comptes Facebook et Twitter. Les motifs de cet emballement ne manquaient pas. La seule déclaration démentielle de Trump sur les changements climatiques justifierait la mobilisation de tous les scientifiques du pays pour cette marche citoyenne. Cette andouille de président a sérieusement déclaré à de multiples reprises que les changements climatiques constituaient un canular qui ne méritait pas notre attention. Les conséquences logiques d’une telle prémisse sont graves : l’empoté-président a nommé un négationniste à la tête de l’Agence de la protection de l’environnement tout en sabrant allègrement dans son budget. Notons aussi que les coupures budgétaires dans les programmes de recherche atteindront 7 milliards de dollars. L’anti-intellectualisme des imbéciles est décidément sans limites : non seulement on veut entraver l’évolution des travaux des scientifiques mais on veut à tout prix empêcher les chercheurs de rendre publics les résultats de leurs recherches. Dans certains ministères névralgiques, on interdit aux experts fonctionnaires de prendre la parole en public pour exposer ces résultats. Considérant que le fruit de leurs recherches appartient à la communauté scientifique internationale, des chercheurs ont mis des données scientifiques à l’abri dans les semaines qui ont précédé l’entrée en fonction des barbares trumpistes. Comme on peut le constater, la science n’est pas menacée seulement par des gouvernements théocratiques mais aussi par certaines démocraties dénaturées et gangrenées sur lesquelles des apprentis-fascistes ont fait main basse. La marche des scientifiques résistants nous redonne un peu d’espoir.