Je serai toujours fasciné par le microcosme qu’est Portneuf. Une région autonome qui s’épanouit sur le plan des affaires depuis des décennies. Certaines personnes me parlaient récemment que la bulle était de moins en moins hermétique et qu’on sentait le vent souffler vers l’est et ses grandes surfaces. L’inquiétude est légitime et il est bon d’en parler. Que faire pour garder notre clientèle ici? Combien faut-il investir? À cela je réponds : rien du tout, ou presque. Évidemment, mes interlocuteurs me regardent, incrédules, croyant même que la légalisation de la marijuana m’a atteint avant tout le monde. Ce n’est pas le cas. Je leur dis : J’aime bien votre poignée de main. Vous me la vendez combien? L’homme éclate de rire. Et vous là-bas, votre sourire? C’est combien? Les petites attentions, appels de suivi, etcetera? On me répond : Bien voyons, tout ça est gratuit! Non, leur dis-je. Ce n’est pas gratuit. Ça n’a pas de prix, c’est très différent. Croyez-vous que dans une grande surface on va vous reconnaître, parler de vos enfants, vous sourire de façon chaleureuse et prendre le temps de vous parler? Non. Dans une grande surface, comme dans une ferme laitière, c’est le nombre qui compte, point. C’est sûr qu’on va quand même vous sourire et être poli mais soyez un tantinet exigeant et vous verrez rapidement que vous allez devenir contrariant car passer du temps avec vous coûte cher. Le temps, c’est de l’argent. Vous savez, ce tour supplémentaire de manège que le vieux monsieur vous faisait faire avec un sourire en coin et un visage complice, ça n’existe pas beaucoup dans les grandes surfaces. On transige avec vous et ça s’arrête là. Est-ce que ce sont des méchants pour autant? Non. Ils répondent à un modèle d’affaire quantitatif qui rapporte des milliards aux sièges sociaux de ces méga-entreprises. La qualité, c’est tel que tel, comme dirait une amie. À Portneuf, est-ce qu’on sourit? Faites-vous sentir à vos clients qu’ils sont importants? Vivent-ils une expérience agréable ou sont-ils des numéros? Face au poids des gros commerces et l’apparition des transaction en ligne, votre seul pouvoir est votre humanité, votre capacité à toucher votre clientèle par votre passion et votre bonne humeur. On sait tous que Valérie Plante de Projet Montréal a été élue pour bien d’autres choses que son sourire. Cependant, enlevez-lui ce dernier et je ne crois pas qu’on aurait eu le même résultat. Comme quoi les gens, contaminés par cette bonne humeur et ce positivisme, ont préféré plonger dans le vide plutôt qu’avec l’expérimenté marabout qu’est Denis Coderre. L’humain finit toujours par se retrouver dans un sourire ou une attention. Après tout, n’est-ce pas les premières choses que l’on nous offre quand on vient au monde? Pensez-y. À bientôt!