Si je devais me présenter en salle de chirurgie pour une intervention, je n’aimerais pas voir entrer le chirurgien en tenue de joueur de golf. Je le prierais d’aller s’habiller conformément au travail qu’il a à exécuter, qu’il y a un temps et une tenue pour chaque chose. Ces jours-ci, des filles d’une école secondaire de Québec ont brandi le drapeau de la liberté pour avoir le droit de montrer leur haut de cuisse ou leur nombril. Qu’elles permettent à un vieux crouton de leur rappeler qu’en entrant à l’école, elles entrent dans un lieu de travail et de réflexion qui n’a rien à voir avec un terrain de jeu. Loin de moi l’idée que l’école doit être un lieu terne sans saveur ni couleur. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un endroit qui se doit d’être propice aux travaux de l’esprit. On n’y entre pas pour attirer l’attention mais pour porter attention. Ce n’est pas un lieu de distraction mais de concentration. L’audace doit s’y manifester dans l’exploration de l’inconnu plutôt que dans l’exploitation de ses attributs. Et si on veut se battre pour la liberté, parlons et soutenons le combat que mènent certains jeunes d’ailleurs qui croupissent dans des prisons pour avoir eu un livre interdit en leur possession. Ces propos s’adressent autant aux garçons qu’aux filles mais ce sont des filles qui ont lancé le récent débat, alors il est normal de s’attarder sur leurs demandes. Elles ont raison d’invoquer l’égalité garçons filles dans l’application d’un code vestimentaire mais ce code est justifié. L’école n’est pas une plate-forme pour défilé de mode, encore moins l’antichambre de la plage. Une règle est là pour tirer la ligne entre l’admissible et l’inadmissible. Comme toute imposition de contrainte, elle ne ralliera pas tout le monde mais elle est nécessaire pour aider l’école à remplir sa mission. La préoccupation première d’un étudiant, d’une étudiante, doit être de se construire une tête avec contenu et non de mettre de l’avant ses charmes corporels, tout attrayants fussent-ils. Pour relativiser l’importance de ce combat, je leur conseille la lecture de la biographie de Malala, cette fille de 14 ans devenue célèbre pour avoir presque payé de sa vie pour que les filles de son pays puissent avoir le droit d’aller à l’école. Rappelons aussi que ces jours-ci, des filles sont jetées en prison pour avoir enlevé leur foulard en public en le brandissant comme un étendard contre un code vestimentaire vraiment injuste.