Dans mon dernier billet je traitais de l’omniprésence des mythes dans les contes profanes ou religieux de toutes les civilisations. Mais si certains de ces mythes peuvent avoir une valeur éducative, à la manière d’une fable, d’autres sont carrément néfastes et l’histoire en est remplie. Je n’en aborderai que quelques-uns à titre d’exemples. — Le paradis : c’est un mythe commun à toutes les grandes religions. À première vue, il s’agit d’une croyance assez inoffensive. Ce mythe peut même atténuer l’angoisse de certaines personnes devant la fin de la vie. Il peut être une source de rêve : un évangéliste américain, grand amateur de golf, affirmait sans rire que, selon lui, le paradis est un immense terrain de golf. Souvent, trop s’attarder à cette idée d’un paradis après la mort peut nous empêcher de voir la beauté des choses de la vie. Mais il y a pire : cette idée de l’existence d’un paradis peut être diabolique quand des têtes brûlées réussissent à convaincre de pauvres types de se sacrifier tout en tuant des mécréants et de mériter par le fait même un paradis où les attendent 72 vierges ( question en passant : les femmes kamikazes ont-elles droit à 72 puceaux ?). — L’enfer : là aussi, le christianisme, l’islam et le bouddhisme font front commun dans la promotion de ce mythe, histoire de garder leurs ouailles dans la crainte et le droit chemin. Les trois rivalisent de descriptions traumatisantes allant de la privation de la présence divine jusqu’au feu éternel où brûlent les damnés dans des souffrances que le pire des sadiques ne peut même pas imaginer. Heureusement la cote de ce mythe est en baisse et les ados peuvent s’adonner à des plaisirs solitaires (comme on disait à l’époque) sans craindre de mourir avec un billet aller simple pour l’enfer. — Le Peuple élu : que voilà un mythe tribal et diviseur! D’abord les Hébreux qui ont fait dire à Dieu dans leur bible qu’ils étaient le peuple choisi avec, en prime, une terre promise. Après eux, ce fut au tour des chrétiens d’avoir la même prétention mais pour la planète entière. Mahomet en prit ombrage et décréta que Dieu, alias Allah, avait choisi sa tribu pour guider le monde. Chaque groupe détenant évidemment l’unique Vérité, ce qui devait arriver arriva : au cours des siècles, des millions d’innocents sont morts dans d’absurdes guerres de religion. Ils ne sont plus là pour nous dire qu’ils ne sont peut-être ni en enfer ni au paradis.