Il peut arriver à tout le monde de différer une action dans le temps et de se dire: « Je le ferai demain, ce ne sera pas dramatique! » Lorsque ce comportement devient systématique et qu’il fait reporter inutilement des tâches malgré des conséquences négatives, il faut alors parler de procrastination. Les gens n’ont généralement pas de difficulté à reconnaitre ce problème mais restent souvent sans moyen pour faire autrement. La procrastination est un faux pli qui peut être corrigé. Commençons d’abord par l’analyser. Il faut comprendre que la procrastination est un comportement d’évitement qui ne procure qu’un soulagement temporaire. Par exemple, lorsqu’il est temps de faire sa déclaration de revenus, une femme dont la gestion de ses affaires est source d’anxiété pourrait être tentée de repousser au lendemain cette tâche pénible. Elle n’a pas complètement conscience des émotions activées dans son système limbique au moment où elle remet à plus tard cette tâche. En fait, elle a peur d’être prise au dépourvu et de devoir payer une note salée. Cette émotion suscite un inconfort important et elle conclut que, de toute manière, elle a des obligations plus pressantes. En moins de deux minutes, elle en profite pour lire ses courriels et pour naviguer sur internet à la recherche de certains articles usagés qu’elle voulait acheter. À ce moment précis, un soulagement l’apaise car, effectivement, elle se consacre à autre chose. Mais, celui-ci ne sera que de courte durée car le lendemain, une culpabilité et une honte l’envahiront de ne pas avoir eu le courage d’entreprendre sa déclaration de revenus. Elle cherchera à contrer son sentiment de culpabilité en se disant qu’elle va entreprendre cette tâche dès ce soir…du moins c’est ce qu’elle se dit. Voyons maintenant le mécanisme sous-jacent à ce phénomène. La dame vit un malaise qui la déséquilibre et son organisme cherche naturellement à se rééquilibrer. Pour ce faire, le cortex cérébral de la dame s’est mis au service de l’atténuation de l’inconfort mais puisqu’il n’a pas pris en compte la cause de l’inconfort (la peur d’être à découvert financièrement), il a pensé que de soulager rapidement la dame serait la solution la plus profitable pour elle. Il a donc minimisé les impacts négatifs du report de cette tâche, à savoir l’augmentation de son stress. Et pour tenter d’étouffer la culpabilité que la dame pourrait ressentir, il a trouvé une explication assez rationnelle: d’autres actions sont aussi urgentes, celle-là peut donc attendre, et il y a encore du temps pour le faire. Enfin, la dame a non seulement évité momentanément une tâche désagréable mais elle s’est récompensé en s’activant à des recherches sur le web qui l’ont divertie. Les stratégies à adopter pour mettre fin à la procrastination seront abordées dans la chronique du mois prochain.