Beaucoup de gens connaissent Bruno Piché, l’homme qui se lève au petit matin pour pétrir leur pain à la boulangerie Au Soleil Levain à Deschambault. Le 9 novembre, à Saint-Casimir, le boulanger a troqué ses mitaines de four pour des gants de boxe pour livrer le combat de sa vie.
Bruno Piché rêvait de remonter dans le ring, dont il s’était tenu éloigné pendant 30 ans en raison de problèmes de santé. Il a lancé l’idée d’un défi et neuf gaillards tous plus grands et gros que lui y ont répondu.
«J’ai toujours voulu faire ça», a raconté M. Piché quelques jours après son combat de boxe, alors que ses côtes et ses muscles se remettaient de la soirée.
S’il a eu l’idée d’un combat, son organisation est le fruit d’un effort collectif, notamment avec les gens de la microbrasserie Les Grands Bois, tient-il à dire.
«Ces gars là ont été avec moi tout le long, ils n’ont jamais dit non», se réjouit le boxeur. L’organisme en santé mentale L’Arc-en-ciel, un partenaire de la microbrasserie, s’est trouvé associé à l’événement. C’est à L’Arc-en-ciel que Bruno Piché a versé les profits, 2000$.
Des gants dorés à la maladie
Bruno Piché a connu une ascension fulgurante dans le domaine de la boxe dans sa jeunesse.
Après un début tardif, à 22 ans, son talent s’est rapidement manifesté, et il vite récolté les récompenses.
Sa carrière a culminé en 1977 avec les Gants dorés dans la catégorie novice puis en 1978 dans la catégorie ouverte. La même année, il était sacré finaliste canadien.
Il a dû sacrifier sa passion en raison de problèmes articulaires. C’est seulement après une double opération aux hanches que le boulanger a pu recommencer à s’entraîner. «J’avais les deux “rotules” des hanches finies, ça frottait os contre os», illustre l’homme âgé de 64 ans.
Même s’il avait retrouvé la santé, un retour dans le ring était hasardeux pour l’homme qui souffre aussi de la maladie de Forestier, une calcification de la colonne vertébrale. «C’était maintenant qu’il fallait que ça se passe!» lance-t-il.
Il s’est mis à l’entraînement, utilisant ses activités quotidiennes comme exercices, en plus de commencer la course. «Quand je montais les escaliers, je les montais quatre fois, tout en augmentant», explique M. Piché qui dit avoir utilisé la méthode de Bruce Jenner, qui l’a mené à la victoire au décathlon aux Jeux olympiques de Montréal en 1976.
Soirée de combat enlevante
Bruno Piché affirme que l’intensité de son combat a atteint son paroxysme dès le début. «Quand Fernand Marcotte m’a présenté, qu’on a bougé les câbles pour lui permettre de monter sur le ring, ça m’a beaucoup ému», relate-t-il.
Le boulanger ne le cache pas, il a voulu donner un bon spectacle, notamment en adoptant une personnalité exubérante. «Quand j’étais boxeur, j’étais plutôt discret car c’était sérieux, mais là c’était un show», dit-il.
Le combat n’a pas été une mince affaire, avoue-t-il. À chacun des neuf rounds, il a fait face à un adversaire différent qui arrivait frais et dispo. Bruno Piché dit avoir eu besoin de toute sa force mentale pour passer au travers de la soirée. «Je n’avais pas le choix; je me levais et j’y allais. J’étais fatigué, j’avais mal, mais je me levais et j’y allais », martèle-t-il.
Alors que le monde de la boxe est ébranlé par ce qui est arrivé à Adonis Stevenson lors de son dernier combat, M. Piché dit qu’il était conscient des risques encourus sur le ring et qu’il s’est assuré que son événement respecte les normes de sécurité dans un environnement sous contrôle. Il explique que ce sont des accidents malheureux qui arrivent rarement, mais que «ça fait partie de la game».
Son plus grand défi de la soirée? Le combat contre son frère Christian, qui est «tout un athlète».
Cette soirée de boxe ne restera pas qu’un souvenir pour M. Piché, ses adversaires et ceux qui y ont assisté. Son beau-fils, Helgi Piccinin, a filmé l’événement avec une équipe de neuf opérateurs. Le documentaire «Piché remonte sur le ring» sortira à l’automne 2019. Le Théâtre de la Microbrasserie des Grands-Bois le présentera.