Les cabanes à sucre frappées de plein fouet

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Par Alain Turgeon
Les cabanes à sucre frappées de plein fouet
Tout laisse croire qu’il faudra déguster les produits de l’érable à la maison ce printemps. Photo - Archives

Le gouvernement du Québec interdit de tenir des rassemblements pour éviter la transmission du coronavirus. «Ça ne pouvait pas plus mal tomber en plein le temps des sucres», lance la propriétaire de La Sucrière à Deschambault, Manon Brazeau, qui est aussi présidente de la Table agroalimentaire de Portneuf.

Sa sucrerie s’en tire tout de même bien alors que c’est catastrophique pour les plus grosses comme la Cabane Chabot à Neuville. «C’est la débandade, c’est le chaos», dit Mario Chabot qui doute de pouvoir ouvrir ce printemps. «On est en train de fermer les cuisines et la chambre froide», a confié le propriétaire rejoint au téléphone dans la semaine du 16 mars. Il comptait redistribuer la nourriture déjà préparée à ses employés.

La Cabane Chabot reçoit environ 12 000 personnes par an. «C’était bien parti pour les réservations», poursuit M. Chabot. Les clients ont annulé avant même l’annonce du gouvernement. Il continuera à vendre ses produits de l’érable à la cabane pour «essayer de garder la tête hors de l’eau», a-t-il commenté.

Dans l’optique de limiter un peu ses pertes, Mme Brazeau a lancé un concept de repas de cabane à sucre pour emporter. «Il faut se revirer de bord», lance-t-elle. La Sucrière sert environ 1000 repas chaque printemps en plus des gens qui vont y manger de la tire. Plusieurs réservations avaient déjà été annulées en date du 13 mars et personne n’est venu le dimanche où le premier ministre a interdit les rassemblements dans les cabanes à sucre. Mme Brazeau a amoindri les impacts de cette décision en offrant sur les réseaux sociaux des repas «prêts pour emporter». Elle fixe un horaire de cueillette et de paiement (pas d’argent comptant). «Les gens sont contents. Ils se réunissent à la maison. La cabane à sucre est une tradition très importante pour plusieurs», dit Mme Brazeau. Les clients pourront aller chercher ses produits dans sa boutique.

Les propriétaires de l’Érablière Mart-L de Pont-Rouge verront ce qu’ils feront après le 30 mars. La meilleure période est avant Pâques. Ils réfléchissent sur les moyens à prendre pour réduire les impacts de cette interdiction. Ils avaient aussi déjà préparé beaucoup de produits et de repas pour recevoir les visiteurs. Double coup du sort, les propriétaires âgés de 80 ans sont visés par la recommandation du gouvernement de rester à la maison pour protéger les personnes de 70 ans et plus.

La Sucrerie du Lac Blanc à Saint-Ubalde n’est pas une cabane commerciale et ne prépare pas de repas, mais, selon sa propriétaire Karine Douville, l’entreprise prend des précautions. Elle ferme les portes de la cabane aux clients et fera la livraison de ses produits à domicile comme elle le fait depuis 2013 pour protéger ses employés. On peut commander par téléphone ou par Facebook. «C’est important de respecter les normes du gouvernement. L’ambiance sera différente, mais c’est pour le bien de tous», a déclaré Mme Douville.

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