Les entreprises touristiques attendaient le signal de Québec pour lancer la saison le 4 mai. Mais leur tour n’est pas venu. Y aura-t-il du tourisme cet été dans Portneuf ?
«Nous autres ont est hyper positifs !» nous répond Charles Lessard, propriétaire du village touristique Au Chalet en bois rond à Sainte-Christine-d’Auvergne.
L’homme d’affaires avoue tout de même avoir été déçu quand Québec a donné le feu vert aux commerces, à la construction et à l’industrie, mais pas au tourisme.
«Je leur reproche de ne pas nous avoir mis une date provisoire. Ils auraient pu nous mettre le 1er juin, ça ne les aurait impactés en rien. Ils auraient eu encore la latitude de repousser jusqu’au 7, au 15 juin. Là, ils ont plongé l’industrie touristique et sa clientèle dans l’incertitude totale», déclare-t-il.
Les entreprises sont en train d’annuler les réservations de mai. «On peut accepter des réservations futures, mais pour le mois, le mois et demi [qui vient] les gens sont réticents», constate Charles Lessard qui estime avoir perdu le tiers des réservations pour 2020 les 64 chalets en bois rond. «On a quand même des réservations pour plus tard cet été et les gens réservent leur chalet pour le temps des fêtes», dit-il.
La ministre du Tourisme Caroline Proulx a ranimé un peu l’espoir au début du mois en lançant ce message à l’industrie : «Ne vous inquiétez pas, il y aura un été touristique au Québec.»
«On a encore très bon espoir qu’on va rouvrir quelque part en juin, juillet. On a reçu d’ailleurs un plan complet des mesures sanitaires à mettre en place. On en avait fait un bon bout d’avance. Ça, c’est comme un signe qu’ils nous préparent à une réouverture prochaine. On prend tout ce qui passe de positif de ce temps-là», dit-il.
Chanceux dans sa malchance
Charles Lessard affirme avoir évité le pire. Au Chalet en bois rond est une plaque tournante du tourisme international hivernal dans Portneuf.
«On a été chanceux que cette crise-là arrive immédiatement après l’hiver et après notre semaine de relâche parce qu’on affiche presque complet pendant l’hiver. On a un bon 25, 30% de notre clientèle qui vient de l’international, surtout de la France, des États-Unis. Si c’était arrivé au mois de décembre, ça aurait été catastrophique», assure-t-il.
Preuve de sa confiance, M. Lessard a lancé le chantier du premier de quatre nouveaux chalets dont la construction était prévue cette année. Il se fait un point d’honneur de faire affaire avec des entreprises de la région, pour encourager l’économie locale.
C’est aussi dans cet esprit qu’il a donné un coup de pouce à des employés lors de la mise sur pause de l’économie à la mi-mars.
M. Lessard a dû mettre à pied la majorité de sa cinquantaine d’employés. Les gouvernements n’avaient pas encore réagi. Il a offert à ceux que le désiraient des cartes-cadeaux d’une valeur de 50$ à 100$ échangeables dans des épiceries et des pharmacies.
«On est proches [de nos employés]. On le sait qu’il y en a qui sont en situation précaire», indique-t-il. Et il a continué même après l’annonce de la Prime canadienne d’urgence, puisque ce ne sont pas tous les employés qui étaient admissibles à l’aide gouvernementale.
Une quinzaine d’employés sont actuellement au travail pour préparer l’été et finaliser des projets et «faire toutes sortes de choses que lorsque nos opérations fonctionnent au maximum on ne prend pas le temps de faire», conclut Charles Lessard.
