L’essence coûte cher. Très cher. Pourtant, nous continuons d’en acheter : il y a là un mystère.
L’essence coûte cher et nous empoisonne la vie et l’air – déjà fini, le répit de la pandémie. Les moteurs assassinent le silence. Les pétroliers s’échouent pour polluer. Et au nom de l’essence nous faisons la guerre, aux humains et à la Terre.
L’essence coûte cher, mais nous dessinons nos villes en fonction des autos. Nous perdons pourtant tant de temps dans les embouteillages, tant de proches dans des accidents… Nous perdons la santé à ne jamais marcher, et l’art de vivre dans des quartiers. Nous perdons tellement au change que je ne comprends pas pourquoi nous continuons d’en acheter. Décidément : il y a là un mystère.
Cela dit, les choses commencent à changer, et les gens, à s’organiser. Même en région, où se transporter est forcément compliqué. Certains passent de l’essence à l’électrique (démarche encensée, bientôt obligée, mais qui malheureusement n’évite en rien les écueils du tout-à-l’auto des années 1900). D’autres partagent leur véhicule, façon Communauto (30 % d’augmentation des abonnés cette année!), ou l’utilisent moins, façon télétravail. Des organismes communautaires, comme Le Halo, offrent des services d’accompagnement-transport vers les soins médicaux et de l’aide aux commissions aux gens qui ne peuvent ou ne veulent plus conduire une auto. Et tellement de monde s’est mis à pédaler qu’on peine à trouver sur le marché un deux roues à son pied!
À la Corporation de transport régional de Portneuf (CTRP), la navette « matin et soir » vers Québec a survécu aux confinements (à 4,25 $ l’aller simple, Wi-Fi et sourires gratuits), et la navette mensuelle hors heures de pointe (au même prix) ne semble avoir perdu aucune de ses habituées (les quelques hommes à bord me pardonneront ce féminin qui l’emporte). Pourrait-on augmenter avec succès leur fréquence si on en faisait une meilleure publicité? Ça pourrait valoir la peine d’essayer!
Toujours au chapitre du transport collectif, nos deux députés s’entendaient l’an dernier dans les pages du Courrier sur la pertinence de faire s’arrêter dans Portneuf le train à grande fréquence annoncé : où en sommes-nous dans ce dossier?
« Votre voiture dort 95 % du temps dans l’entrée d’auto », publiait Le Soleil en janvier. Serions-nous à un tournant? Nous remettre sur pied et sur les rails coûtera cher au début, mais nous savons compter, et être solidaires. Déjà, on peut utiliser au maximum les services existants, pour les encourager, bien sûr, mais aussi pour partir à leur bord, comme en voyage, à la rencontre de l’Autre. Où pensez-vous qu’à mon retour dans Portneuf il y a trois ans je me suis fait une « nouvelle meilleure amie »? Seule au volant de la voiture familiale? Mais non! Dans la navette régionale! Louise a grandi à Tête-à-la-Baleine, j’arrivais de Montréal, et c’est en nous retrouvant régulièrement sur la même banquette que nous sommes devenues amies: merci, la CTRP. L’amitié n’a pas de prix: à 4,25 $, c’est donné.
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