L’Église anglicane a un nouveau chef : Charles III, le fils d’ Élizabeth II. Avec le décès de la reine d’Angleterre, les médias ont fait largement état de cette femme qu’une certaine mythologie britannique a élevée au rang de reine.
Mais peu se sont attardés au fait qu’avec son décès, l’Église anglicane venait de perdre son chef. Il n’y aura pas de conclave, ni fumée blanche ou noire, ni d’élections par quelques dizaines de sous-papes anglicans. Chez les Anglicans on simplifie : la mort de la reine rend automatiquement roi son descendant de par la volonté divine.
Et le mythe se perpétue. Comme Dionysos qui naquit de la cuisse de Jupiter, le petit Charles est né homme par sa mère et élu roi par Dieu. On peut appeler cela une procréation bien assistée ! Et une élection sans opposition, à faire rêver plus d’un despote ! Dans un mythe, tout est possible, car un mythe n’a rien à voir avec la réalité. Mais il peut en aider certains à transformer la réalité : grâce à lui, par exemple, on peut construire des châteaux aux frais du peuple pour y loger tous ceux qui gravitent autour de celui ou celle que Dieu a choisi.
On perpétue encore aujourd’hui les défilés en carrosses dorés d’antan qui éblouissent les foules et qui, il faut le dire, renforcent le mythe. Sans parler des costumes qui donnent aux personnages des allures venues de la nuit des temps. Un peu comme chez nous les adeptes de l’histoire du moyen âge qui se déguisent le temps d’un weekend pour redonner vie à une époque révolue. On a les mythes de nos moyens. Si nos sympathiques guerriers médiévaux retournent au boulot le lundi matin, les acteurs de la mythologie britannique retournent compter leurs milliards dans leurs châteaux une fois le spectacle terminé.
Leur mission consiste à se costumer de temps à autre pour se rappeler au bon souvenir de leurs sujets, les subjuguer de nouveau et leur faire surtout oublier que les membres de la famille royale sont les descendants d’un pervers, lui aussi roi par la volonté divine, un certain Henri VIII qui prit épouse cinq fois et en fit décapiter deux d’entre elles. Et la vie reprend dans ces familles dites royales avec les petites querelles, les petits malaises, les petits bonheurs, les maux de ventre, les peines d’amour, la vie réelle quoi. Comme dans chacune de nos vies. Hors les mythes.