Je ne regrette pas d’être revenue dans Portneuf en 2018… mais dire que Montréal ne me manque pas serait mentir. En fait, je m’ennuie des Montréalais. Ou plutôt : de la catalogne montréalaise, ce tissu social multicolore fait de gens venus des quatre coins de la planète. Un Montréalais sur trois n’est pas né au Canada, rapportait récemment Stéphane Baillargeon dans Le Devoir – et vivre au milieu de cette diversité culturelle me plaisait. Mon quotidien là-bas était un voyage permanent autour du monde, gratuit et sans décalage horaire.
Marie-Claude Julien est elle aussi native de Cap-Santé. Elle est allée travailler ailleurs, puis est revenue vivre ici. Elle travaille aujourd’hui au CLSC de Donnacona, et m’a raconté s’être ennuyée un jour de parler l’espagnol, qu’elle avait appris en faisant de l’aide humanitaire au Pérou. Alors quand elle a vu une annonce du programme de « jumelage interculturel » piloté par Accès Travail Portneuf, elle s’est dit que c’était pour elle et a donné son nom !
Je découvre sur accestravailportneuf.com que ce programme « permet à un membre de la communauté d’accueil et à un nouvel arrivant d’échanger sur leurs expériences, de faire des activités et de développer une relation égalitaire basée sur le partage à long terme ». En clair ? On contacte une agente au 418 329-2511, elle fait des entrevues et des vérifications, puis tente de jumeler deux personnes ayant assez de choses en commun pour avoir envie de se voir régulièrement pendant quelques mois.
C’est relativement nouveau, la pandémie n’a rien aidé, mais il paraît que ça marche très bien depuis ! Ça aide les « nouveaux arrivants » à découvrir la MRC et à peaufiner leur français local, ça permet aux « vieux arrivants » de découvrir d’autres langues et cultures, ça crée des sorties agréables et de la belle compagnie pour tout le monde. En clair, donc ? Ça engendre de chouettes moments cosmopolites dans Portneuf et parfois même des amitiés !
Marie-Claude est d’ailleurs très enthousiaste quand elle raconte son expérience même si son objectif de se remettre à l’espagnol n’a pas été atteint ! Certes, on l’a d’abord jumelée avec un Latino-Américain mais, bien que remplis de bonne volonté tous les deux, ils n’avaient pas grand-chose à se dire… alors qu’avec Laila, du Maroc, ça a tellement cliqué qu’avec le temps, elles sont devenues des amies !
Je ne vous raconterai pas les anecdotes de leurs découvertes culinaires respectives (entre la poutine et le couscous, il y a un océan !) mais elle pourra le faire elle-même si vous la croisez à une activité des Jumeaux interculturels ouverte à tous. J’ai participé à celle du 21 septembre : une soirée de pêche au quai de Cap-Santé, annoncée sur Facebook par Immigrants Portneuf-Jacques-Cartier. Il fallait le voir pour le croire : c’était les Nations Unies sur ce quai si souvent désert ! Les participants venaient de partout (Québec, Chili, Tchad, Argentine, Colombie, Brésil, Cameroun, Algérie…), les prises étaient applaudies dans un français aux mille accents, et tout le monde savait distinguer les barbottes des dorés – sauf moi !
Ce soir-là, j’ai dormi dans mon lit après avoir fait le tour du monde en 80 minutes. Je vous en souhaite autant. Gardez l’œil ouvert : d’autres activités auront lieu pendant la Semaine québécoise des rencontres interculturelles, du 7 au 13 novembre.
Marie-Hélène L. Papillon
courrierdemoncoeur@gmail.com